Il a déjà mené des missions à Saint-Martin après le passage de l’ouragan Irma, au Liban après l’explosion à Beyrouth, mais ses 15 jours à Mayotte auront été inédits pour Jérôme Lopez. Explications, de retour de sa mission comme volontaire Veoliaforce mis à disposition de la Croix-Rouge française.
Votre mission portait sur la production d’eau potable ?
Jérôme Lopez : Oui, on a fonctionné en tandem avec Patrick Eychenne, volontaire Veolia Eau de Narbonne, pour prendre le relais sur la production d’eau avec l’Aquaforce 2000 déployée à M'Tsapere et, surtout, former les personnels locaux de la Croix-Rouge pour prendre la suite. Deux hommes et deux femmes, déjà très engagés dans l’action humanitaire menée sur place, devaient pouvoir traiter l’eau après notre départ. Et ce fut le cas ! On a été bluffé par leur implication.
Ce n’était pas votre première mission Veoliaforce. Avez-vous été confronté à des difficultés inédites ?
JL : Oui, bien sûr, mais rien de technique. Les difficultés ont d’abord tenu à… nous ! On arrive avec notre énergie et la volonté de ne pas perdre une minute dans la moindre action. En face, on a des personnes qui ont connu Chido et qui tentent de se remettre sur pied depuis six semaines. Il faut s’adapter à leur rythme et prendre en compte tout le contexte qu’on n’imagine pas tant qu’on n’est pas sur le terrain.
C’est-à-dire ?
JL : L’état de pauvreté est choquant. Pourtant j’étais déjà allé en outre-mer, notamment à Saint-Martin après le passage de l’ouragan Irma. Mais je n’avais jamais rien vu de tel. Les premiers jours, c’est moralement éprouvant. Vous êtes à la fois heureux de produire de l’eau, réjoui de voir les apprenants s’emparer des Aquaforces et devenir autonomes, et puis des enfants de 3 ou 4 ans viennent chercher de l’eau. Et vous mesurez le dénuement dans lequel ils vivent. A Mayotte, la population n’a pas le choix : la résilience, c’est la survie.
Comment avez-vous organisé votre absence au travail, sur le territoire où vous êtes basé ?
JL : Je me suis appuyé sur mes deux responsables d’équipes, chacun positionné sur une partie de l’Oise dont je supervise nos activités autour de l’eau. Ils ont pris ma place dans toutes les réunions auxquelles j’aurais dû assister et cela leur a permis de voir d’autres aspects du métier. Ma mission, c’était aussi un peu leur quotidien.
