Qu’apporte concrètement le partenariat entre l’Adie et la fondation Veolia aux jeunes créateurs d’entreprise ?
Tous les jeunes qui lancent un projet sur Plaine Commune[1] et sont financés par l’Adie entrent dans le cadre du partenariat avec la fondation Veolia. Nous leur proposons toujours plusieurs rendez-vous d’accompagnement avec des bénévoles qui assurent des permanences administratives, commerciales, juridiques, comptables... Les bénévoles répondent aux demandes des jeunes et leur apprennent à faire par eux-mêmes pour les rendre autonomes. L’accompagnement dure au moins la durée du remboursement du prêt de l’Adie : certains remboursent en 24 mois, d’autres en 30 mois. S’ils ont besoin d’un soutien au-delà, bien sûr nous ne leur fermons pas la porte. L’aide financière de la fondation Veolia est consacrée aux dépenses de fonctionnement de cet accompagnement.
Un bénévole en charge du partenariat avec la fondation Veolia contacte les jeunes très régulièrement pour savoir s’ils ont besoin de soutiens spécifiques. Nous avons déjà financé 50 jeunes cette année sur Plaine Commune. Pour les accompagner au mieux, nous avons besoin de bénévoles. Les recrutements sont difficiles dans le 93, contrairement à Paris. Les collaborateurs de Veolia sont les bienvenus dans nos équipes !
Pouvez-vous nous présenter quelques parcours de jeunes que vous suivez ?
J’accompagne actuellement Adjaratou, une jeune femme financée par l’Adie pour créer une entreprise de ménage pour professionnels et particuliers. Je lui apporte une aide administrative : immatriculation, déclarations RSI, modèles de devis et factures… Adjaratou apprécie ce suivi qui lui donne plus de confiance en elle. L’entreprise est lancée mais son développement est freiné car Adjaratou travaille seule. Son objectif est de signer de plus gros contrats pour pouvoir embaucher.
En tant que référente CréaJeunes, je reçois les jeunes qui ont suivi cette formation et ont besoin d’un financement. Citons l’exemple de Iannis, un jeune homme actuellement au RSA et financé par l’Adie en novembre 2016 : il a créé un concept de football à cinq en salle dans le noir, dont les joueurs portent un équipement lumineux. Il a besoin d’un accompagnement pour trouver des salles partenaires à Saint-Denis, où il réside.
Iannis a un bac STG et un BTS de communication d’entreprise : de nombreux jeunes ont des diplômes mais ne trouvent pas de travail qui les épanouisse. Ils doivent souvent se contenter de « petits boulots », alors qu’ils ont de bonnes idées. Quand ils montent leur entreprise, beaucoup d’entre eux gardent un travail salarié à temps partiel pour plus de sécurité financière. La période critique pour la viabilité de l’entreprise est la troisième année : pendant les deux premières années, le créateur recrute ses clients dans son réseau proche. Mais après deux ans, ce réseau s’épuise et il faut chercher de nouveaux clients. Le plan d’actions élaboré avec l’Adie l’aide à développer son chiffre d’affaires pour perdurer. S’il n’y parvient pas, son entreprise l’a placé dans une dynamique et il retrouve un emploi salarié plus en phase avec ses compétences. Quelle qu’en soit l’issue, la création d’entreprise a vocation d’insertion.
Comment résumeriez-vous votre longue expérience auprès des créateurs d’entreprise soutenus par l’Adie ?
Je travaille à l’Adie depuis 1999 : l’association comptait alors 70 salariés, nous sommes 500 en 2017. Voulant être sur le terrain, j’ai exercé plusieurs fonctions en contact avec les créateurs d’entreprise. Même au bout de 17 ans à l’Adie, je reste très admirative de leur engagement. Ils forcent le respect parce qu’ils travaillent dur, et les mois se suivent et ne se ressemblent pas… Ils s'accrochent pour voir récompensé le fruit de leur travail.
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Créer des entreprises dans les quartiers sensibles : 10 ans de partenariat avec l’Adie